Marie, Mère de la Compagnie de Jésus — Manrèse, centre spirituel jésuite en Ile-de-France

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Marie, Mère de la Compagnie de Jésus

Une homélie du P Jean-Noël Audras

Judith 15, 09 Le grand prêtre Joakim et tout le Conseil des Anciens d’Israël vinrent de Jérusalem pour contempler les bienfaits dont les Seigneur avec comblé Israël, pour voir Judith et la saluer. 10 En entrant chez elle, tous la bénirent d'une seule voix : « Tu es la gloire de Jérusalem, tu es la joie d'Israël, tu es l’honneur de notre race ! 11 Car tu as agi avec la force et le courage d’un homme. Ton cœur s’et affermi, parce que tu as aimé la chasteté et que tu ne t’es donnée à aucun homme après la mort de ton mari. Voilà pourquoi Dieu t’a comblée de force. Voilà pourquoi tu seras toujours bénie. » 12 Et tout le peuple s’écria : « Amen. » 15 Et tous dansaient de joie, hommes, femmes et enfants, aux sons des harpes et des cithares. 16,1 Alors Judith chanta au Seigneur 02 ce chant d’action de grâce : « Chantez pour mon Dieu sur les tambourins. Jouez pour le Seigneur sur les cymbales. Joignez pour lui l'hymne à la louange. Exaltez-le ! Invoquez son nom ! 03 Car le Seigneur est un Dieu qui brise les guerres : 04 Il a établi son camp au milieu de son peuple pour nous arracher au pouvoir de nos ennemis. »

Le 22 avril est pour les jésuites une fête liturgique, c’est-à-dire une grande fête. Cette fête a été instaurée en souvenir du jour où les premiers jésuites allèrent à l’église Saint-Paul hors-les-Murs, à Rome, faire leur profession solennelle devant l’image de la Vierge Marie. La première lecture vient du Livre de Judith, c’est un chant de louange pour Judith, jeune femme qui mit à mort Holopherne, le général en chef du roi Nabuchodonor. L’Evangile montre l’ange du Seigneur qui apparait à Joseph et lui dit : Ne crains pas (Matthieu 1,20b-23). De ces lectures, j’ai retenu trois points.

Le grand prêtre et le Conseil des Anciens bénissent Judith « tu as agi avec la force et le courage d’un homme ». On peut être surpris. Ce groupe d’hommes loue Judith parce qu’ils la reconnaissent comme leur égal ! Notons que Judith s’était exclamée juste avant : Le Seigneur a frappé Holopherne par les mains d’une femme ! Comme on dit, elle avait intériorisé le modèle. Comment voir Marie dans une figure où la puissance masculine est instituée en modèle ? En fait c’est la puissance de Dieu qui est louée dans les deux femmes. N’oublions pas que l’homme ne devient homme masculin que lorsqu’il a la femme à côté de lui (voir Valérie Horvilleur, « L’art féminin de l’exégèse », Etudes, mars 2020). Bien des grands hommes modestes disent qu’ils n’ont été ce qu’ils sont que grâce à la présence de leur épouse. Marie était de ces femmes-là. D’autres diront qu’ils ont été conduits au meilleur de leur vie ou ont échappé au pire grâce la communauté religieuse qui les a acceptés.

Autre motif de louange adressé à Judith : Tu as aimé la chasteté […] tu ne t’es donnée à aucun homme après la mort de ton mari. Fidélité dans le manque, qui signe de l’esprit la fidélité dans la présence. Évidemment, il ne s’agit pas de parler de l’opportunité d’un remariage mais de la chasteté comme attitude de la relation juste ! La chasteté est respect, engagement et liberté. Le temps de confinement est un temps de privation. Il peut nous aider à vérifier la qualité de notre relation avec ce, personnes humaines ou choses, dont il nous prive. Relisons les Règles pour s’ordonner dans la nourriture (Exercices spirituels n°210-217) : Ignace y indique comme chemin pour trouver la juste manière de se nourrir : se priver jusqu’à sentir le point où c’est trop peu pour revenir ensuite à la mesure qui convient.  Il faut donc passer par le jeûne, la privation pour aller vers l’équilibre. Mais Ignace dit aussi que dans le temps de la privation, on « sentira souvent davantage les connaissances intérieures » Alors, ce temps serait-il pour nous un temps privilégié pour sentir ce qui devrait être ensuite notre juste position dans des domaines divers où les conséquences de la pandémie nous atteignent ?

Dernier point : L’enfant qui est engendré en elle [Marie] vient de l’Esprit-Saint. Ce dont de l’Esprit est rendu possible par le oui de Marie. C’est de sa chair, de son corps que se forme le corps de Jésus. C’est par le don de son corps que Marie se rend disponible pour le dessein de Dieu. En Marie, le corps de l’homme – traversé de tant de contradictions, mortel, corruptible – devient le lieu de la disponibilité à l’Esprit. La fête de l’Assomption célèbrera l’accomplissement de son corps. Aujourd’hui, en nous appuyant sur l’intercession de Marie, confions à Dieu toutes celles et ceux dont le corps est malmené, et toutes celles et ceux qui les aident par leurs soins avec une grande délicatesse et un grand respect.

P Jean-Noël Audras, Manrèse, Fête de Marie mère de la Compagnie de Jésus, 22 avril 2020

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