Cendres 2024 — Manrèse, centre spirituel jésuite en Ile-de-France

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Cendres 2024

Homélie du P. Christophe Kerhardy sj.

Les rameaux verts de l'année dernière ont séché, le feu les a dévorés, il ne reste que des cendres. Ces cendres qui vont être imposées sur nos fronts ce sont nos vies sèches qui ont perdu le vert de l'espérance, qui ont perdu la sève de la foi, qui ne donnent plus aucun fruit de charité.

Les cendres sont nos vies sèches et aussi nos âmes grises, grises comme un ciel sans soleil, grises comme une ville asphyxiée par les fumées du monde moderne, grises comme l'âme d'une humanité sans joie qui fait grise mine. Ainsi toute la grisaille humaine- nos tristesses, nos regrets, nos faiblesses, nos pêchés se rassemblent dans ces cendres;

Mais il est un regard qui associe les cendres à un commencement. Voyez comment les jardiniers jettent des cendres sur la terre pour la rendre fertile, c'est fou ce qui pousse dans une terre volcanique. Alors oui, avec la foi nous pouvons parler de moment favorable. Pour ceux et celles qui croient en la résurrection, une énergie est à l'oeuvre, cette énergie plus puissante que la mort, force la vie à renaître, à repartir de plus belle.

C'est vers la vraie vie que l'Eglise met le cap au début du carême. Le mercredi des cendres, nous replace au commencement quand Dieu modelait l'homme à partir de la poussière. Dans 40 jours, ce sera Pâque, nous célébrerons le Christ ressuscité; c'est par lui que le monde renaît après tant de défaites, tant de cris, tant de souffrances.

Trois moyens sont à notre dispostion pour laisser Dieu accomplir en nous le renouveau pascal : la prière, l'aumône et le jeûne.

Premier moyen : la prière. Pris dans le flot de nos occupations, submergés par un tas de soucis nous nous essoufflons; eh bien, la prière nous rendra le souffle nécessaire à la vie; dans le silence ele nous fera sortir de tous ces bruits assommants- quelques heures sans radio, sans télé, sans oreillettes, ce n'est pas si dur - quelques heures de silence pour nous remettre en contact avec la Parole de Dieu. Pendant 40 jours, faisons donc silence, revenons au plus intime de nous-mêmes, et que nos prières de carême, attentives à la Parole de vie, nous redonne le goût de Dieu.

Deuxième moyen : l'aumône. Dans un temps où rien n'est gratuit, dans un temps où chacun est porté à s'occuper de soi, Jésus, lui, institue le culte de l'autre. Le Seigneur ne vend rien, c'est plutôt lui qui est vendu pour 30 pièces d'argent, mais c'est peu par rapport à ce qu'il donne. Pour les autres, il donne tout. Tout, pas seulement quelques miettes de lui- même, mais son corps et son sang. Pendant 40 jours, déchirons nos coeurs et que nos aumônes de carême renouvellent en chacun le goût des autres qui passe par le don de soi.

Troisième moyen : le jeûne. Pendant 40 jours, Jésus a vécu au désert : il a connu la faim et la soif. Dans une époque où nous nous encombrons de mille choses parce que nous avons peur de manquer, où nous nous divertissons de mille manières pour tuer le temps, où nous épuisons dangereusement les ressources de la terre, l'expérience du manque, la sobriété est une urgence morale et spirituelle. C'est le manque qui permet d'apprécier davantage la valeur de toute chose. Voyez comment une orange est tellement plus savoureuse quand elle est consommée après un gros effort physique. Pendant 40 jours que nos jeûnes nous aident à retrouver le goût de la terre.

Un peu de cendres aujourd'hui et dans 40 jours, souhaitons avoir retrouvé le goût de Dieu, le goût des autres, le goût des fruits de la terre. Alors, ayant oublié la grisaille des cendres, dans la résurrection de Jésus, nous célébrerons la saveur de la vie, la saveur de chaque vie, relevée dans la Pâque de Jésus.

 

Bon carême à tous et à toutes.

 

Manrèse

Mercredi 14 février 2024

P. Christophe KERHARDY sj.

 

                                            

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