Parabole des dix jeunes filles — Manrèse, centre spirituel jésuite en Ile-de-France

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Parabole des dix jeunes filles


Jésus nous parle du royaume de Dieu comme d’une noce. Nous ne savons pas qui se marie ce jour-là. Dix demoiselles d’honneur sont pourtant déjà là à l’attendre. Mais l’époux tarde à venir. La nuit est tombée et les demoiselles allument leurs lampes. L’époux est tellement en retard que les jeunes filles finissent par s’endormir.
Nous pouvons prendre le temps de les regarder dormir. Elles sont toutes pareilles, elles ont toutes la même lampe allumée à côté d’elles. Elles sont toutes habillées à la même mode. Aujourd’hui encore, durant les mariages chics on habille les garçons d’honneur avec le même costume et la même cravate. Les filles d’honneur ont des robes identiques et portent le même ruban dans les cheveux.
Les filles d’honneur de la parabole jouent toutes le même rôle,
elles portent toutes le même masque de sommeil,
elles ont toutes la même apparence.
En un mot, elles ont toutes le même « paraître ».
Les signes extérieurs sont saufs. Si nous nous en tenons à ce que nous voyons, tout est en ordre. Mais la vraie question n’est pas celle des apparences que nous donnons à voir, mais ce que nous vivons réellement. Ce n’est pas dans le paraître que naît l’appel.
Jésus n’est pas venu sauver les apparences, mais les hommes.
Au milieu de la nuit, un cri se fait entendre. Le réveil est brutal. C’est le rendez-vous avec la vérité, cette vérité qui sommeille en chacun de nous. Nous ne pouvons plus tricher. C’est alors qu’apparaît le manque. Cinq demoiselles d’honneur manquent d’huile pour leur lampe. La découverte avec le manque est toujours un face à face qui pose des questions gênantes.
Le manque est là.
Les cinq demoiselles d’honneur étaient vraiment insensées. Elles auraient dû, comme les cinq autres jeunes filles, prévoir de l’huile en réserve suffisante. Or ce serait faire fausse route que de voir dans cette conclusion la pointe de la parabole. En effet, continuons à considérer les cinq demoiselles d’honneur insensées. Que font-elles ?
Elles veulent sauver les apparences,
elles refusent de quitter leur masque,
elles font tout pour être en règle,
elles ne veulent pas passer pour des imprévoyantes,
elles ne veulent pas se faire remarquer.
Elles veulent être comme les autres.
Elles cherchent à colmater la faille.
Plutôt que de reconnaître le manque qui les appelle, elles demandent de l’huile aux autres. La demande reste vaine.
Elles fuient alors en vitesse pour aller chercher de l’huile.
Elles retournent en arrière, elles repartent dans la nuit.
Elles retournent dans un passé révolu.
Elles cherchent à réparer un oubli en allant chez l’épicier du coin.
Mais tout comme l’épicier baisse son volet le soir, le passé ferme la nuit.
Aussi, les cinq demoiselles reviennent-elles à la salle des noces. La porte, elle aussi, est fermée. On ne les connaît plus. C’est le quart d’heure de vérité. On ne connaît plus les gens qui jouent la comédie. Le Royaume de Dieu n’ouvre ses portes qu’à ceux qui ont quitté leur masque.
Le tort de ces cinq demoiselles d’honneur, ce n’est pas tant de manquer de prévoyance, ce n’est pas tant de mettre leur confiance dans une réserve d’huile, le tort de ces cinq demoiselles c’est plutôt de ne pas croire que l’Epoux leur donnera la lumière qui leur manque.
Le tort des cinq filles insensées, c’est de douter, sous prétexte qu’elles ne sont pas en règle, que Jésus-Christ puisse les accueillir.
Le tort des cinq filles insensées, c’est de courir éperdument pour sauver le paraître, plutôt que de se laisser recevoir par Dieu telles qu’elles sont.
Saint Ignace ne donne pas d’autre manière pour commencer l’oraison : Me rendre présent à Dieu tel que je suis, avec tout ce que je suis, ce que je possède et ce qui me manque.
Le tort des cinq filles insensées, c’est de croire que posséder la lumière est une condition de la promesse de bonheur, alors que la lumière est précisément l’objet de la promesse. Le livre de la Sagesse ne dit pas autre chose : « La Sagesse est resplendissante… elle se laisse trouvée par ceux qui la cherchent. » Ce n’est pas de détenir la sagesse qui rend heureux, c’est de la désirer.
C’est Dieu qui donne à l’humanité ce qui lui manque tant… Quant à nous, il nous faut alors simplement désirer recevoir de Dieu ce qu’il ne cesse de nous donner en abondance.
Amen

 

Homélie dimanche 12 novembre 2023 (Matthieu 25, 1-13)

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