Je t’ai appelé. La prévenance de Dieu — Manrèse, centre spirituel jésuite en Ile-de-France

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Je t’ai appelé. La prévenance de Dieu

Je t’ai appelé. La prévenance de Dieu
Nativité de saint Jean-Baptiste

Homélie du P Jean-Noël Audras

Isaïe 49, 1-6/ Psaume 138 (139) / Actes 13, 22-26 / Luc 1, 57-66.80

J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé (Isaïe 49, 1).  Dans les lectures de cette fête de Saint Jean-Baptiste tout nous parle de la prévenance de Dieu. S’agirait-il seulement de Jean-Baptiste ? Non, nous sommes chacun dans la prévenance de Dieu. Il y a dans nos vies une annonce, une ouverture fondamentale que rien ne peut fermer, une source que rien ne peut assécher. Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais (Psaume 138, 1).

Mais une source qui va demander notre réponse pour trouver son lit et sa meilleure capacité d’irrigation, sa meilleure manière de participer aux forces de vie, de croissance, de fécondité.

Ce n’est pas la garantie d’une vie telle que nous l’imaginons ou telle que le monde l’imagine, c’est la garantie d’une possibilité de vie et d’un appel qui nous est adressé dans le moment présent

Dieu manifeste sa gloire, sa splendeur, dans le mystère pascal. Bien des gens ont réfléchi à ce mystère pour en donner une interprétation qui en fasse un mystère de vie. Mais aucune réflexion ne peut justifier le tragique, la condamnation de l’innocent. Ce mystère pascal est aussi perte insensée, échec – la mort tragique de Jean-Baptiste annonce la mort tragique de Jésus ; la faiblesse d’Hérode est la faiblesse de Pilate, ceux qui regardent les condamnés conduits à l’exécution sont les mêmes à la cour d’Hérode et sur le chemin du Golgotha.  C’est aussi la faiblesse de ceux qui n’ont pas fait ce qu’ils pouvaient pour empêcher la mort tragique de Martin Luther King ou de Gandhi, et de tant d’autres. Lumière de ceux qui se laissent prendre leur vie dans la fidélité à un appel intérieur qui a donné sens à toute leur vie.

Mais Paul nous dit : Quand bien même je donnerai mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, l’amour, cela ne me sert de rien (1 Corinthiens 13, 3). Le mystère pascal n’est pas un moyen de salut. L’imitation de Jésus n’est pas la reproduction volontaire de sa mort. De toute façon nous devons chercher la vie, et seulement passer par l’épreuve si elle vient à la suite du Christ.

Jean-Baptiste imita Jésus dans son humilité : Ce que vous pensez que je suis, je ne le suis pas. Mais le voici qui vient après moi et je ne suis pas digne de retirer la sandale de ses pieds (cf. Jean 1, 26-27). Jésus lava les pieds de ses disciples. Il ôta la sandale de leurs pieds. Il fit de la situation du serviteur qui ne cherche que le salut de l’autre la juste situation de l’être humain. C’est la situation qui seule peut faire des êtres humains différents et opposés que nous sommes et qui constituent l’humanité une communauté d’entraide, de soutien fraternel, de respect.

La préface que nous proclamerons nous fera dire : « Dans les eaux qui devaient en être sanctifiés, Jean le Baptiste baptisa l’auteur du baptême. »
Il est bon que nous contemplions cette scène qui ouvre le chemin de Jésus.
Jésus vient à Jean et il va à lui pour être baptisé comme les pécheurs qui se sentent appelés à changer de vie. Il se fait le frère des pécheurs, il descend dans l’eau avec eux, comme eux. Ce faisant Jésus sanctifie l’eau qui n’est plus seulement le lieu où l’homme veut s’immerger pour être lavé, mais qui devient le lieu où l’Esprit se donne pour habiter chacun. Par Jésus qui se fait le frère des pécheurs, le geste de l’homme devient accueil du salut, donné par l’amour de Dieu. Ce qui permet ce passage, c’est cet homme Jean-Baptiste qui lui-même ne vivait, n’a vécu que pour Celui qu’il désirait, qu’il annonçait, dont il se sentait et se savait indigne de délier la courroie de ses sandales : Jésus, le Dieu qui s’abaisse, celui qui est parmi nous le plus grand.

P Jean-Noël Audras, Manrèse, Nativité de saint Jean Baptiste, le 24 juin 2020

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