Editorial

Vous recevez au cours de la Semaine sainte  cette Lettre de Manrèse, la deuxième depuis le début du confinement : Nous voulons garder le lien avec vous, vous partager ce que nous devenons, et vous dire notre prière, pour vous et vos proches, dans cette situation éprouvante, alors qu’autour de nous, le nombre des malades augmente et que les décès se multiplient, mais aussi les marques de dévouement et de service vrai.

De façon particulière, je veux faire mention des près de trois cent personnes que la fermeture du Centre et le début du confinement, ont empêché de monter sur la colline de Manrèse - pour faire le point sur leur couple (« Est-ce bien lui, est-ce bien elle ») ou se préparer au mariage chrétien ; pour suivre une formation à l’accompagnement spirituel ; pour vivre une halte spirituelle ou une retraite selon les Exercices…

En ces Jours saints, nous célébrons la Passion et la Résurrection du Christ. L’amour est fort comme la mort (Cantique 8, 6). Il arrive que la tentation nous prenne « d’enjamber » trop vite la Passion, pour aller directement à la Résurrection. Le temps présent, avec ses détresses et son malheur, invite à demeurer là, à laisser retentir cette parole – L’amour est fort comme la mort. Certes pas pour demeurer dans la mort, mais  afin d’en peser la force et les effets destructeurs, et non moins, la force de l’amour qui se donne, avec ses effets de vie et de joie : cet amour nous est offert par Dieu gratuitement, sans conditions, dans l’allégresse du Ressuscité. Si nous sommes attentifs, cet amour qui se donne, nous le voyons à l’œuvre partout.

Car Jésus est allé vers la mort librement. Il avait foi que son Père ferait quelque chose de sa mort, pour le Royaume, ce Royaume que Jésus avait annoncé de toutes ses forces, jusqu’au bout. Avec le Christ, nous nous en remettons au Père, nous lui remettons nos existences et la situation présente, avec les grandes détresses, les grands drames qu’elle provoque et va entrainer, notamment dans les pays du Sud. Le Père a retourné en bénédiction pour tous, la malédiction que le Christ, l’Innocent, pouvait seul prendre sur lui. Pour nous et notre salut. Et nous voici à notre tour provoqués à la foi, à l’espérance, à la charité en actes.

Ces quelques textes proposés avec simplicité par les jésuites du Centre pourront vous aider à vous disposer à célébrer Pâques. Mon temps est proche, dit Jésus, c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples (Matthieu 26, 18). Qu’il nous soit donné à tous d’accueillir Jésus ces jours-ci : il va venir vivre de façon neuve la Pâque chez chacune, chacun - littéralement, dans nos lieux de résidence et de confinement, pour peu que nous lui ouvrions la porte. Notamment ces cent vingt jeunes adultes, qui ont répondu à la proposition digitale pour les Jours Saints, vont pouvoir vivre cette expérience toujours neuve, toujours vivifiante.

En communion avec vous, P. Paul.