Jésus pleure sur Jérusalem. Le Père Jean-Noël Audras nous entraîne dans sa médiation de l’évangile selon saint Luc 19, 41-44 : Les larmes de Jésus éclairent le présent de l’Eglise.
Lorsque Jésus entre à Jérusalem où il va subir la Passion, ses disciples exultent. Les pharisiens lui demandent alors de les réprimander. Il leur répond : Je vous le dis : si eux se taisent les pierres crieront. Mais aussitôt, à la vue de la ville ; il pleura sur elle.
Les pleurs de Jésus sont sur Jérusalem qui n’a pas reconnu le moment où elle était visitée,
Larmes de Jésus sur celui qui n’a pas reconnu le moment d’Abraham riche et puissant, mais privé de postérité, sans avenir: et qui entend : Quitte ton pays, quitte-toi ; moi, Dieu, je ferai de toi un grand peuple.
Larmes de Jésus sur celui qui n’a pas reconnu le moment de Moïse chassé d’Egypte par son peuple de chair et de foi et par son peuple d’adoption, et auquel Dieu dit : Moi, Dieu, je suis descendu pour le délivrer, va trouver Pharaon et fait sortir d’Egypte mon peuple, Israël,
Larmes de Jésus sur celui qui n’a pas reconnu le moment des prophètes : Isaïe proclame : Frayez le chemin du Seigneur, alors la gloire du Seigneur se révèlera, et toute chair d’un coup la verra … Voici votre Dieu. Tel un berger il fait paître son troupeau, de son bras il rassemble les agneaux ; il les porte sur son sein, il conduit doucement les brebis mères (Isaïe 40).
Larmes de Jésus sur celui qui n’a pas reconnu la bonté de Dieu qui sauve.
Larmes de Jésus sur ceux qui n’ont pas entendu le prophète Aggée alors que le peuple connait la grâce du retour à Jérusalem après 50 ans d’exil à Babylone : Ainsi parle le Seigneur de l’univers : Ces gens-là disent : « Le temps n’est pas encore venu de rebâtir la Maison du Seigneur ! » […] Et pour vous, est-ce bien le temps d’être installés dans vos maisons luxueuses, alors que ma Maison est en ruine ? (Aggée 2). La compassion de Dieu jusqu’à la croix est exigeante parce qu’elle veut nous arracher à la mort.
Larmes de Jésus sur ceux qui n’entendent pas le message du salut.
Les larmes de Jésus sont de compassion pour son peuple, le peuple juif, pour Jérusalem. C’est la même souffrance qui l’habitait lorsqu’il disait : Comme c’est malheureux pour vous quand tous les hommes disent du bien de vous parce que vous êtes mes disciples, c’est ainsi que vos ancêtres traitaient les faux prophètes (Luc 6, 26). Larmes de compassion devant l’illusion et l’erreur.
Mais Jésus ne condamne pas, il avertit, il veut sauver : Je ne suis pas venu pour condamner le monde mais pour le sauver (Jean 12, 47), d’un salut déjà présent dans l’aujourd’hui de nos vies
Les larmes de Jésus sont les larmes de Dieu en deuil de l’humanité qu’il a fait naître pour l’aimer, larmes qui apaisent la souffrance du deuil, du manque, et qui expriment malgré tout une espérance.
Dans les Exercices spirituels, Ignace, et il ne le fera aussi que pour l’homme devant ses péchés, appelle le retraitant lorsqu’il est avec le Christ qui, dans sa Passion, souffre en son humanité, à « commencer de toutes mes forces à faire effort pour m’affliger, m’attrister et pleurer. » Il nous manque de pleurer. Nous en restons toujours à l’apparence : être plus forts que l’adversité. C’est parce que nous ne savons pas encore vraiment combien nous sommes pécheurs, pécheresses. Pleurer, d’ailleurs est-ce possible de pleurer seul ? les pleurs prennent sens quand elles sont accueillies par un autre cœur confiant, un cœur humain ou divin. Lorsque Jésus pleure, tourné vers le Père il pleure pour les hommes, et c’est ainsi qu’avec lui, nous sommes sauvés.