La lumière qui fera sortir le monde des ténèbres, c’est la lumière de la compassion — Manrèse, centre spirituel jésuite en Ile-de-France

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La lumière qui fera sortir le monde des ténèbres, c’est la lumière de la compassion

Homélie

Jean 8, 12 En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. »
13 Les pharisiens lui dirent alors : « Tu te rends témoignage à toi-même, ce n’est donc pas un vrai témoignage »
14 Jésus leur répondit : « Oui, moi, je me rends témoignage à moi-même, et pourtant mon témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez ni d’où je viens, ni où je vais.
15 Vous, vous jugez de façon purement humaine. Moi, je ne juge personne.
16 Et, s’il m’arrive de juger, mon jugement est vrai parce que je ne suis pas seul : j’ai avec moi le Père, qui m’a envoyé.  
17 Or, il est écrit dans votre Loi que, s’il y a deux témoins, c’est un vrai témoignage.
18 Moi, je suis à moi-même mon propre témoin, et le Père, qui m’a envoyé, témoigne aussi pour moi. »
19 Les pharisiens lui disaient : « Où est-il, ton père ? »
Jésus répondit : « Vous ne connaissez ni moi ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. »
20 Il prononça ces paroles alors qu’il enseignait dans le Temple, à la salle du Trésor. Et personne ne l’arrêta, parce que son heure n’était pas encore venue.

 

En Chine, des villes en quarantaine sortent de l’isolement ; les gens reprennent leur travail. Le nombre de nouvelles contaminations se compte sur les doigts d’une main, et il n’y a plus de nouveaux décès dus au covid-19. Ça nous fait espérer… on a une phase éprouvante à traverser, un pic à atteindre, et après il y aura la décroissance. Le confinement sera levé, et on pourra reprendre nos promenades, nos joggings sans contrainte. Cette pandémie, certes terrible, ne sera plus qu’un horrible cauchemar, et on pourra à nouveau profiter de la lumière du printemps, comme avant…

Si c’est ce que nous pensons, alors on ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe. Au cœur de la pandémie, des factions continuent à se faire la guerre, partout dans le monde. On continue à se faire exploser, à bombarder. Au cœur de la pandémie, on continue à tirer la couverture à soi. Dans notre pays, on invite des soignants à aller se loger ailleurs, on fait du trafic de masques. La pandémie covid-19 ne nous plonge pas dans les ténèbres, et dont il faudrait sortir. La pandémie nous révèle en fait que nous vivons dans les ténèbres depuis trop longtemps. Simplement, nous en étions aveugles, « pensant rester toujours sains dans un monde malade » nous dit le pape François.

Prenons-nous conscience de ce qui se passe ailleurs que dans nos pays du Nord ? Les ténèbres qui sont à la porte des populations les plus pauvres de la planète ? Comment pourront-elles répondre à la pandémie ? Où trouveront elles les milliards d’euros pour continuer à vivre quand leur économie sera à l’arrêt ? Et s’elles affluent comme jamais à nos frontières, est-ce que nous les garderons bien fermées pour nous protéger ?

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens :
« Moi, je suis la lumière du monde.
Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. »

Il ne suffira pas de sortir de cette pandémie pour sortir des ténèbres, pour être dans la vraie lumière de la vie. La lumière qui fera sortir le monde des ténèbres, c’est la lumière de la réconciliation, du pardon, pour que cesse le bruit des armes. Au cas où nous ne l’avons pas remarqué, le virus de la guerre tue plus largement et plus sûrement que ce nouveau coronavirus. La lumière qui fera sortir le monde des ténèbres, c’est la lumière de la compassion, qui nous fait sortir de nos zones de confort, pour une répartition plus juste des ressources. Au cas où nous ne l’avons pas remarqué, le virus de la famine tue plus largement et plus sûrement que ce nouveau coronavirus.

Peut-être que, disciples du Christ, nous prenons davantage conscience de notre aveuglement. Le scandale des abus nous a révélé à quel point nous marchions dans les ténèbres. Nous apprenons que le chemin de vie passe par le pardon et la compassion. Mais nous savons aussi que nous sommes incapables de prendre ce chemin sans la lumière de la conversion qui transforme notre cœur de pierre en cœur de chair. « Moi, je suis la lumière du monde » : Jésus dit la parole de pardon qui sauve le monde et abolit toutes les divisions. Il prononce les paroles qui donnent à la multitude la vie éternelle, le pain de son humanité.

Dans cette épreuve mondiale, le Seigneur nous appelle à témoigner de sa lumière pascale, celle qui ouvre « un ciel nouveau, une terre nouvelle » (Apocalypse 21, 1) à notre monde. Supplions-le, implorons-le : « Seigneur, que ta Parole soit la lumière de mes pas, la lampe de ma route. » (Psaume 118, 105).

P. Clément Nguyen, Manrèse, lundi de la cinquième semaine de Carême, le 30 mars 2020.

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