Homélie
Matthieu 21, 07 Les disciples amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus.
08 Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route.
09 Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! »
10 Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut en proie à l’agitation, et disait : « Qui est cet homme ? »
11 Et les foules répondaient : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »
27, 22 Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de Jésus appelé le Christ ? » Ils répondirent tous : « Qu’il soit crucifié ! »
23 Pilate demanda : « Quel mal a-t-il donc fait ? » Ils criaient encore plus fort : « Qu’il soit crucifié ! »
26 Alors, il leur relâcha Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et il le livra pour qu’il soit crucifié.
La liturgie de ce dimanche des Rameaux fait entendre deux passages de l’Évangile : d’abord celui de l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem, tournée vers la joie et l’allégresse, et ensuite celui de la Passion du Christ, qui vient nous saisir fortement. Étrange, me direz-vous ! Cela signale la complexité des origines de nos liturgies, et notamment celle de ce jour, où plusieurs manières de faire se sont rencontrés au fil des siècles. Mais, puisque la liturgie nous le propose, accueillons ce caractère abrupt, qui peut nous faire passer de la joie à la tristesse ou à la sidération, et laissons l’Esprit Saint nous enseigner, chacun.
Je veux retenir trois points.
D’abord, s’il est très facile de suivre quelqu’un d’acclamé, il est plus difficile de suivre un homme accablé, rejeté, condamné, crucifié. Que l’Esprit Saint nous tienne dans la suite du Christ, quel que soit le Mystère qu’il doit vivre.
Ensuite, le changement et le retournement des foules vient nous parler du changement et du retournement de nos cœurs. Mais c’est avec notre propre versatilité, y compris devant le péché, que nous devrons nous présenter au Seigneur, en ce Triduum pascal.
Enfin, l’acclamation d’un roi, du Messie se déploie dans des signes contradictoires avec la royauté et l’idée que l’on peut se faire du Messie. L’ânon sur lequel s’est assis Jésus parle de douceur et d’humilité ; la croix nous dit que Jésus vient prendre la dernière place, celle avec les maudits (voir Galates 3, 13, reprenant Deutéronome 21, 22-23). C’est dans ce chemin d’abaissement que nous sommes appelés à suivre le Christ pendant la Semaine sainte, chemin décrit par l’hymne aux Philippiens dans la deuxième lecture (Philippiens 2, 6-11). S’abaisser avec le Christ, pour qu’il vienne nous chercher, lui qui est descendu au plus bas.
Que le Seigneur nous aide à vivre sa Passion pour que nous ayons part à sa résurrection.
P. Jérôme Guingand, Manrèse, Rameaux, 5 avril 2020